Pourquoi faire compliqué ?

Le temple d’Isis, non loin de Philae (à quelques kilomètres au sud d’Assouan), est d’une des étapes incontournables de tout voyage organisé en Égypte. Loin d’être le plus impressionnant des sites antiques, il est peut-être le plus charmant, car édifié selon une architecture hybride, d’inspiration grecque, remarquablement conservé et situé, suite à son déplacement (en 1974-76), sur un îlot minuscule posé au milieu du Nil.

Parmi les vestiges, à côté d’un amphithéâtre moderne creusé dans le sol pour les touristes, se trouve un abri de construction récente. Cet abri relativement ignoré des publics constitue pourtant une trouvaille particulièrement pertinente pour valoriser le patrimoine graphique et linguistique de la civilisation égyptienne antique.
Sans la moindre consommation d’énergie polluante, cette installation projette au sol une série de hiéroglyphes emblématiques du temple d’Isis.
Une écriture solaire qui fait sens.

Dans un contexte différent, le même principe est utilisé au Mémorial des anciens combattants d’Anthem (banlieue nord de Phoenix, Arizona) pour un monument dédié aux soldats disparus. Celui-ci est composé de cinq piliers représentant l’armée des États-Unis, le corps des Marines, la Marine nationale, la Force aérienne et la Garde côtière.
Le pilier le plus haut mesure 5 m de hauteur.
Une fois par an, à 11h11 tous les 11 novembre, les ombres du monument s’alignent alors que le soleil brille à travers les ellipses creusées dans de cinq piliers pour projeter une ombre unique sur le Grand Sceau des États-Unis incrusté dans le sol. Fruit d’un travail d’ingénierie, cet « éclairage par défaut », conçu par Renee Palmer-Jones, parvient à positionner la lumière du soleil au bon endroit en dépit des variations annuelles.

Les noms des disparus célébrés sont inscrits sur les pavés de briques qui entourent le « Blason d’honneur ». L’ensemble, les pavés rouges, les piliers blancs et le ciel bleu, représentent les couleurs du drapeau américain.

Ce rituel attire les foules chaque année.
Il n’est pas sans rappeler les probables cérémonies celtiques (Stonehenge), les rituels mayas ou la chapelle au cœur du temple d’Abou Simbel. Autrement dit, il prolonge un mode de célébration de la mémoire grâce au soleil, aussi universel qu’ancien.