Aître ou ne pas aître St-Maclou

Superbe exemple de valorisation de site patrimonial, Death Dance de Nicolas Diologent (aka Nikodio), est aussi une belle démonstration des plus-values apportées par le savoir-faire de l’artiste-animateur, dans un domaine encore nouveau, majoritairement investi par les agences de com’.

A la croisée du street art et du film de dessins animés traditionnel (les connaisseurs auront vite reconnu le clin d’œil au Skeleton Dance de Disney, 1929), cette danse macabre ne contient aucune incrustation numérique. Les différentes séquences dessinées/animées manuellement, en partie in situ, ont été vidéo-projetées sur des zones précises de l’un des vestiges emblématiques du vieux Rouen, l’Aître Saint-Maclou, ossuaire spectaculaire qui abritait jusqu’en 2014 l’école régionale des beaux arts de la nouvelle capitale normande.
Le fameux chat momifié qui accueillait jadis les étudiants et les touristes est ainsi ressuscité de la plus sympathique des manières.
Avec le temps, la momie devenue mascotte a été intégrée aux légendes du lieu, entraînant moult supputations quant à son origine, infox entretenues notamment par des guides touristiques peu regardants. Le chat mystérieux avait été placé dans les fondations du cloître par des étudiants de l’école d’art en 1950. Que l’animal soit aujourd’hui “réanimé” par un ancien élève de l’école met ironiquement en abîme une blague potache vieille de 70 ans.

Le réalisateur me précise que le film est intégré à une web application “dansemacabre.app“, accessible sur le site web ressource dédié à l’Histoire de l’Aître Saint-Maclou. Les différentes animations vidéo-projetées sont truffées de références historiques liées au monument que le visiteur-spectateur peut s’amuser à identifier : le crâne à triple face sculpté sur la façade, certaines reconstitutions dessinées d’Eustache-Hyacinthe Langlois (peintre, écrivain du XIXe siècle), les vestiges de danses macabres (plus ou moins visibles aujourd’hui sur les colonnes en pierre), les différentes fonctions laïques et religieuses de l’Aître, …