Réseaux sociaux et héritages culturels ?

Il est vrai qu’en 2021, l’association de ces deux locutions ne coule pas de source ! Et cela s’explique par la conjonction entre une méconnaissance globale, par les institutions prescriptrices de Culture, des outils de flux numériques à l’évolution (apparition, maturité, disparition) ultra-rapide, une appropriation quasi-spontanée et non-maîtrisée de ces outils de communication par leurs utilisateurs toujours plus jeunes, une absence de recul collectif sur l’extraordinaire potentiel, encore sous-exploité, des réseaux dits « sociaux » en matière de diffusion et de valorisation innovante de tous les types d’héritages culturels.

En témoigne « Cités« , récente initiative de l’auteur Abd Al Malik, remarquable à plus d’un titre.
Cette mini-série de douze épisodes de 60 secondes est filmée, truquée et montée directement sur le réseau social chinois TikTok, actuellement massivement investi par les adolescents occidentaux.
Le principe de cette série au format innovant consiste à mettre en scène les publics de TikTok imprégnés sans le savoir par un héritage culturel « cité » sur la base des patronymes d’artistes collés aux angles de rues et aux frontons des bâtiments publics.
« Que l’on soit originaire des quartiers populaires urbains ou de village, on est entouré par la culture. Tout ce que ces jeunes vivent au quotidien est lié à ce que les auteurs ont écrit. » rappelle Abd Al Malik, scénariste et le réalisateur du projet.

L’idée répandue d’une déconnexion de la jeunesse de ses héritages culturels est largement erronée. Pour le mesurer, sans doute faut-il plus largement s’adresser à cette « jeunesse », aux contours toujours plus riches et protéiformes, avec les codes, les modes d’expression et les outils qu’elle comprend, affectionne et maîtrise bien mieux que ses aînés.