L’immersivité en vrai

Si la perspective des univers artificiels comme unique horizon désirable vous inspirent scepticisme, rejet, voire indifférence, vous êtes sans doute déjà sensibles au fait qu’on n’a pas attendu la démocratisation des casques de réalité virtuelle pour plonger les publics en mal de divertissement et de culture dans des mondes bien réels de totalement dépaysement. Mondes parallèles et néanmoins parfaitement palpables dont on ignore souvent les vertus pédagogiques et le caractère innovant en matière de valorisation simultanée des héritages culturels (historiques, sociologiques, folkloriques, technologiques, …).

On le sait, il existe différents degrés dans la reconstitution patrimoniale à caractère historique, para-historique (uchronique, par exemple) ou inspirée de récits imaginaires. Toutes ces reconstitutions ne cherchent pas l’immersivité, c’est-à-dire à placer leurs spectateurs dans un immersion spatio-temporelle la plus proche d’une expérience de véracité. Autrement dit, en position d’y croire.
Dans le meilleur des cas, bien loin de l’attraction touristique approximative, il s’agit de recréer comportements, costumes, gestuelles, outils, danses, cuisine, loisirs, sports, événements historiques marquants ou plus anecdotiques, composition d’un tableau ou de photographies anciennes, et autres situations inventées, pour tenter autant que possible de « faire vivre » ces univers passés ou fantasmés.
L’enjeu de fidélité extrême à une réalité documentée, demeurant au cœur de ces jeux de rôles pro-actifs et soucieux de transmission, on comprend bien que les reconstitutions d’Histoire vivante ne peuvent être portées à bout de bras que par des passionnés au perfectionnismes quasi-obsessionnel.

Ce sujet est si vaste qu’il fait l’objet de livres entiers, en particulier en Angleterre où l’immersivité réelle est spectaculairement développée depuis des décennies. Aussi, cet article se veut une invitation à découvrir et explorer une enthousiasmante alternative aux méta-univers numériques, consuméristes, élitistes et énergivores à souhait, présentés comme la panacée de notre futur proche.

Voici donc une suite de liens vers quelques associations de reconstitueurs costumés vers lesquelles nous nous vous renvoyons vivement :
L’Agenda de l’histoire vivante, qui fournit quelques clés élémentaires pour comprendre la reconstitution immersive
La Compagnie d’Histoire et d’Art (CHA) et sa page FesseBouc, association située en région parisienne qui a été notre porte d’entrée dans l’écosystème des reconstitueurs.
Bouvines 1214, reconstitution de la bataille du même nom
Cité d’antan, reconstitution de la vie quotidienne médiévale
Les Menus Plaisirs, reconstitutions dédiées au siècle des Lumières
• Impossible de ne pas citer l’exemplaire chantier du château fort de Guédelon

On n’oubliera pas de préciser le rôle primordial de ces groupes de reconstituteurs dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle, pas seulement en terme de figuration mais surtout en terme d’expertise. Voici un dernier exemple emblématique, extrait du documentaire du paléontologue Marc Azema, Quand homo sapiens faisait son cinéma.

Reconstitution d’un thaumatrope paléolithique avec des outils et matériaux possiblement utilisés par cro-magnon, par le reconstitueur Florent Rivière.

Crédit photographiques :
• DR / Site web de l’association CHA
• © Marc Azema, Passé Simple, 2011